C’est une des plus anciennes province de France, Bourgogne et Franche – Comté. L’appellation “Bresse” est composée de trois parties différentes :

  • “La Bresse Bourguignonne” subdivisée en “Bresse Louhannaise” et en “Bresse Châlonnaise” qui se situe dans l’ Est du Département de la Saône et Loire.
  • La Bresse au Sud du Département de l’Ain, parfois appelées aussi “Bresse Savoyarde”
  • Et enfin la ” Bresse Jurassienne” la plus petite partie des trois, située au Sud – Ouest du Département du Jura,

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Jadis, au plus haut moyen âge, la partie Nord de la Bresse était déjà Bourguignonne alors que celle du Sud et du Centre formait une seule entité soumise à des souverains autochtones, les Sires de Bâgé, que l’on a appelé quelquefois les Comtes de Bresse.

Cette situation s’aggrava encore au XIIIe siècle, époque où les Sires de Bâgé virent leur maison tomber en quenouille et leur dernière héritière Sibille, apporter, par contrat de mariage, la Bresse autochtone au Comtes de Savoie. La Bresse est donc devenue une dépendance savoyarde au moins pour les deux tiers. Ces souverains savoyards ont du reste bientôt commencé à la dépecer. Ils vont céder la Bresse moyenne (châtellenies de Cuisery et de Sagy) au Duc de Bourgogne qui a déjà la suzeraineté de la Bresse du Nord, celle qui est au septentrion de cette ligne idéale partageant la France en pays de droit coutumier (au Nord) et en pays de droit écrit (au Sud).

Il y aura dès lors deux Bresses,

  • une Bresse bourguignonne, appuyée au Nord sur le Doubs et à l’Ouest sur la Saône jusqu’à Tournus,
  • et une Bresse savoyarde adossée aux étangs des Dombes au Sud et à la Saône à l’Ouest jusqu’à l’embouchure de la Seille,

sans compter que la Bourgogne du Comté aura grignoté elle aussi, la lisière bressane du côté du Jura, lisière que l’on appellera le Finage.

La monarchie française, après la Renaissance, réunira sans doute les deux tronçons de la Bresse qui cesseront désormais d’appartenir à deux nations.

Du XIIe siècle jusqu’au Traité de Lyon en 1601, la « Bresse Savoyarde » fait partie des États de Savoie. Cette période lui fut favorable, notamment le XVe siècle.

Bâgé était la ville principale de la province avec ses princes. Mais sa situation, près des frontières de la France, favorisa l’émergence de Bourg-en-Bresse qui devint la capitale. La province dût faire face aux convoitises du Roi de France, qui souhaitait agrandir son territoire. La situation de plaine de la Bresse était difficile à garder. Finalement, les souverains de Savoie acceptèrent de se recentrer sur la partie alpine du Duché et d’abandonner la Bresse (et le Bugey) en échange de Saluzzo ou Saluces en Piémont.

En 1601,la Bresse savoyarde sera annexée à la Couronne : La Bresse bourguignonne entière sauf le Finage, appartiendra à la Généralité de Dijon, alors que l’ancienne Bresse savoyarde conservera ses Etats séparés bien que relevant de la Bourgogne.

La Révolution française, ennemie du Fédéralisme, ne fera rien pour rassembler en une unité administrative l’ancien territoire bressan que l’on dénomme du reste dans le langage populaire “les Bresses” et non pas la Bresse :

  • la partie septentrionale, la Bresse bourguignonne de l’Ancien Régime, sera divisée en deux portions : l’une, la première Bresse chalonnaise, sera annexée à l’arrondissement de Chalon ; l’autre, la seconde Bresse louhannaise.
  • Quant à la partie méridionale de la Bresse, l’ancienne Bresse savoyarde, elle deviendra l’arrondissement de Bourg-en-Bresse, chef-lieu du département de l’Ain.
  • Mais ce n’est point tout; comme si l’on se complaisait à écarteler la Bresse, une languette insérée entre la Bresse de Saône-et-Loire et celle de l’Ain, sera réunie à l’arrondissement de Mâcon, formant ainsi l’embryon d’une Bresse mâconnaise, qui se développera un siècle plus tard.
  • Enfin, le Finage ira grossir les arrondissements de Dole et de Lons-le-Saunier, dans le département du Jura.

En dépit des tendances régionalistes, voire autonomistes du XXe siècle, un avatar nouveau était réservé à la Bresse de Saône-et-Loire : en 1926, le seul arrondissement exclusivement bressan, celui de Louhans, est dépecé par les décrets-lois Poincaré, trois de ses cantons viennent grossir l’arrondissement de Mâcon, alors que les cinq autres, avec le chef-lieu, vont suivre le sort de l’arrondissement de Chalon.

Mais bien que partagée entre trois départements et cinq arrondissements, dont quatre ont leur chef-lieu hors de son propre sol, la Bresse reste, comme le Morvan, qui a subi le même sort, un véritable pays, dont le terroir, profondément racé, conserve encore aujourd’hui sa physionomie propre.

Pays essentiellement rural, la société bressane, par le passé, était organisée au rythme de l’activité agricole. L’habitat en Bresse est dispersé, de type bocager, aux maisons basses en briques, aux murs à pans de bois, aux toits de tuiles rouges bordés de larges auvents où s’accrochent les franges de panouilles de maïs, protège l’intimité de ses habitants, soucieux d’individualisme au sein de la communauté organisée autour de la paroisse et de la commune. La structure sociale se définit donc par un mélange de conservatisme, d’attachement aux valeurs ancestrales et de participation démocratique directe à la vie communautaire.

Cet ensemble bressan est coupé en deux par une ligne qui passe vers Romenay et Tournus. Cette “frontière culturelle” est très importante : on pratiquait le droit coutumier au nord et le droit écrit au sud ; on parlait des dialectes issus de la langue d’Oil au nord et de la langue d’Oc au sud ; l’habitat diffère aussi : Toitures à fortes pentes en tuiles plates au nord et toitures à faibles pentes et tuiles creuses au sud … !