Les races laitières
Les races de vache enregistrées dans le cahier des charges attaché à l’AOC comté sont la montbéliarde, la simmental française et les vaches des deux races métissées1. Ces deux races appartiennent au rameau de races pie rouge des montagnes ; ce sont des cousines de la simmental, une race suisse devenue une grande race internationale. Races de montagne, elles possèdent toutes les deux des onglons durs, aptes à la marche pour aller chercher la nourriture. Rustiques, elles supportent les nuits en plein air à l’alpage avec des amplitudes thermiques quotidiennes importantes : il est courant d’avoir 35 °C le jour avec du gel la nuit.
La montbéliarde est une race créée au xviiie siècle par métissage de vaches comtoises avec un troupeau amené dans la région de Montbéliard par des réfugiés religieux suisses. La sélection effectuée sur cette race a considérablement amélioré sa productivité. Dans les années 2000, elle est la seconde race laitière française avec 1 800 000 animaux11 et en quantité de lait produite, avec 7 600 kg de lait en moyenne par lactation, derrière la prim’holstein, la vache des produits laitiers industriels. La montbéliarde est classée première pour la fabrication de fromages AOC ; outre le comté, elle est présente dans le Massif central pour la transformation de son lait en de nombreux fromages (bleu d’Auvergne, bleu des Causses, saint-nectaire, laguiole) ou dans les Alpes pour notamment les reblochon et abondance.
La simmental française est une race moins productive avec 6 400 kg de lait, mais elle possède une conformation de carcasse supérieure, permettant de mieux valoriser les veaux et les vaches de réforme à la vente vers la filière bouchère. Sa réelle mixité12 en fait une race très polyvalente, même si ses effectifs restent relativement faibles.
La production laitière
L’élevage en stabulation toute l’année est prohibé1. Le troupeau doit pâturer dès que possible. Les vaches doivent avoir au moins un hectare de prairie chacune sur l’exploitation ; le sur-pâturage risquerait de modifier la flore naturelle par sélection des plantes les plus vigoureuses. Elles ne peuvent être nourries avec aucun aliment transgénique.
Aucune culture d’OGM susceptible d’être utilisée dans l’affouragement ne peut avoir lieu sur l’exploitation. Les aliments fermentés (ensilage) sont interdits. La ration quotidienne des laitières doit se faire en fourrage issu de la zone d’appellation d’origine. Une dérogation peut être accordée à titre exceptionnel si la raison est justifiée.
Les vaches mangent de l’herbe fraîche quand la saison le permet et du foin durant la mauvaise saison.
Le rendement en lait ne peut dépasser 4 600 kg de lait par hectare. Par contre, dans le décret, rien ne limite la productivité par vache, ce qui conduit à une intensification des pratiques.
Dès la traite effectuée, le lait doit être refroidi au-dessous de 18 °C et apporté le plus tôt possible à l’atelier de transformation. L’idéal est après chaque traite, mais si ça n’est pas possible il peut être stocké pour n’être transporté que toutes les deux traites. Le lait est alors stocké à une température de 10 à 18 °C. Les ateliers de transformation ne peuvent collecter de lait au-delà de 25 km autour de l’atelier, sauf cas particulier ; les exploitations laitières au-delà de 25 km qui fournissaient du lait avant 1998 (date de mise en place de la mesure) peuvent encore bénéficier d’une dérogation. La liste de ces exploitations déposée auprès de l’INAO est close.
L’étonnante richesse aromatique du comté est notamment due aux conditions d’élevage : pâturage extensif à une altitude moyenne de 300 à 1 000 m (dans le massif du Jura) assurant une herbe riche et une flore très diversifiée regroupant près de 2 000 espèces, soit plus de 40 % de la flore française.
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